Intervention faite le 2 février 2021 et précisée le 6 février lors des premières rencontres nationales de la dynamique populaire constituante.
La Dynamique est le nom de notre groupe formé d’universitaires et d’anciens élèves de l’Institut d’études européennes de l’Université Paris 8 à Saint-Denis (93). Nous avons ouvert notre site internet et nos comptes Facebook et Twitter le 10 août 2020. Notre stratégie est de susciter dans le pays ce que nous appelons une « dynamique populaire constituante » en vue de prendre le pouvoir afin de restaurer la souveraineté du peuple et de changer de système politique et économique.
Nous sommes gilets jaunes ou sympathisants. Nous ne sommes pas un parti politique et n’avons pas l’intention de le devenir. Nous ne présentons aucun candidat aux élections. Nous ne recrutons pas et ne faisons pas d’adhésions, hormis parmi le personnel de l’Université Paris VIII et ses anciens étudiants. En revanche, nous invitons les personnes intéressées à devenir « correspondants » de La Dynamique pour nous aider à mener à bien ce projet exaltant.
Nous sommes une plateforme conseil, qui produit des contenus, les diffuse, suscite le débat, propose des formations, aide à l’organisation dans la perspective de la prise du pouvoir.
Pourquoi lancer une dynamique populaire constituante ?
Première raison : restaurer le pouvoir souverain du peuple
Toutes les crises, comme le chômage, la pauvreté, la destruction de l’environnement, l’érosion des libertés et de la démocratie, le rejet du monde politique par une grande partie de la population ont une cause commune et centrale. C’est l’usurpation du pouvoir souverain du peuple, pourtant prévu à l’article 3 de la Constitution. Si le peuple était aux commandes, les choses ne se passeraient pas ainsi.
Les usurpateurs de la souveraineté populaire et nationale sont :
- Les traités de l’Union européenne et des autres institutions multilatérales néolibérales comme l’OMC…
- Le président de la République.
- Le Parlement.
- Le Conseil constitutionnel.
- Les tribunaux internationaux d’arbitrage.
- Les firmes multinationales comme les GAFAM.
- L’extraterritorialité du droit américain…
Seconde raison : tirer toutes les conséquences de l’échec des mobilisations et prendre le pouvoir
Malgré d’immenses efforts, les luttes sociales, jusqu’à présent, ont été en échec : loi travail, hospitaliers, SNCF, Gilets jaunes, lutte des jeunes pour la défense de l’environnement, restriction des libertés publiques, violences policières dans les manifestations, répression contre les Gilets jaunes et les syndicalistes combatifs dans les entreprises, état d’urgence sanitaire, créent un certain climat de peur. Bien sûr, il ne faut pas arrêter les luttes. Mais il faut se rendre à l’évidence : si nous voulons régler les problèmes, il faut nous organiser pour prendre le pouvoir !
Le but de la dynamique populaire constituante est de replacer le peuple au sommet de l’architecture juridique, politique et symbolique du pays.
Comment faire ? Changer de système politique et économique et donc de Constitution, et pour y parvenir prendre le pouvoir à partir de 3 objectifs :
1er objectif : susciter un immense débat public national, prioritaire par rapport à toutes les autres préoccupations, sur ce que devrait être une nouvelle Constitution et sur les moyens d’y parvenir
Pourquoi poser les problèmes en termes de Constitution et pas de programme législatif ? Parce que la Constitution :
- Est le droit du droit, c’est la norme juridique suprême.
- C’est la définition de l’organisation de l’État, la séparation et le contrôle des pouvoirs.
- C’est surtout la définition des obligations faites à l’État de répondre aux droits humains naturels comme la liberté, l’égalité, la sûreté au travers du droit à l’emploi, aux soins de santé, à l’éducation, à un environnement sain…
- Les programmes législatif ou revendicatifs actuels restent enfermés dans le cadre constitutionnel actuel, qui inclut les traités européens qui nous paralysent.
Il s’agit de reconstruire la France.
En ce qui concerne La Dynamique
- Nous publions sur notre site internet et sur nos réseaux sociaux des textes et des vidéos d’analyses et de propositions.
- Nous mettons en ligne ce que nous appelons des Livres blancs constituants. Le n° 1 est en ligne partiellement, il s’appelle précisément Une dynamique populaire constituante.
Quelques exemples de propositions autour de 6 questions stratégiques
1.- La Constitution doit toujours relever du peuple souverain. Toute révision doit être soumise à référendum, le Congrès ne doit plus avoir cette possibilité. Rappelons que sur 24 révisions de la Constitution depuis 1958, seules 2 ont donné lieu à référendum.
2.- Accroître la démocratie directe par une révision de la Constitution qui permette l’organisation d’un référendum annuel à questions multiples. Il y aurait donc chaque année, le même jour, des référendums qui porteraient sur :
- Plusieurs référendums d’initiative citoyenne à l’échelle nationale dont certains pourront être constituants.
- Plusieurs référendums d’initiative citoyenne aux échelles locales.
- La loi de finances et la loi de financement de la Sécurité sociale.
- Les lois de programmation.
- Les lois organiques.
- La ratification des traités internationaux de portée stratégique.
3.- Passer des droits papiers à des droits réels. La Déclaration des droits de l’homme de 1789, le Préambule de la Constitution de 1946, la Charte de l’environnement de 2004 doivent déboucher dans la nouvelle Constitution sur des obligations de résultat imposées à l’État.
4.- Supprimer de la Constitution toute référence au système de l’Union européenne néolibérale en abrogeant le titre XV.
5.- Renoncer au présidentialisme et donc à l’élection du président de la République au suffrage universel direct, incompatible avec la démocratie et la souveraineté du peuple. Construire un régime primo-ministériel.
6.- Pour les élections législatives, mettre en place un scrutin de liste proportionnel avec prime majoritaire, tirage au sort pour les votes blancs qui seraient l’équivalent d’une liste.
Toutes ces propositions sont versées au débat !
2e objectif : s’organiser efficacement en 3 niveaux.
- Premier niveau : des comités constituants de circonscription. L’annexe 2 page 10 propose une première synthèse de l’activité que pourraient avoir ces comités qui sont à créer le plus vite possible dans chaque circonscription. Aujourd’hui, il y a émiettement des organisations dont pourtant beaucoup des objectifs convergent. Ces groupes doivent évidemment poursuivre leur activité, mais ils devraient demander à leurs militants de fonder ou de rejoindre les comités constituants de circonscription. Ces comités ne seraient « contrôlés » par aucune organisation, de façon visible ou non. Ils devraient être totalement autonomes et indépendants. Des Gilets jaunes devraient être à la pointe de l’initiative pour les créer.
- Deuxième niveau : des comités constituants départementaux et régionaux qui fédèreront les comités constituants de circonscription.
- Troisième niveau : la mise en place d’une assemblée nationale constituante d’initiative populaire (ANCIP) composée de représentants des comités constituants de circonscription. Son rôle sera de faire la synthèse des travaux des comités constituants de circonscription et de proposer la première rédaction d’une nouvelle Constitution soumise au débat public. Son rôle sera aussi d’animer la campagne de boycott de la présidentielle et la campagne pour faire gagner les candidats constituants aux législatives. Après les élections, en cas de victoire de Macron, cas le plus probable, l’ANCIP aura une légitimité supérieure à ce dernier si le total des abstentions, des blancs et des nuls est supérieur au nombre de voix obtenu par lui (ou un autre). Elle deviendra un acteur majeur de la vie politique…
3e objectif : faire des élections de 2022 une étape importante dans le processus de prise du pouvoir.
Nous mènerons campagne pour le boycott (abstention, blanc ou nul) aux deux tours de la présidentielle et pour des candidats constituants aux législatives dans le maximum de circonscriptions.
Le boycott aux deux tours de la présidentielle se justifie pour deux raisons. D’abord, il faut mettre un coup d’arrêt au système présidentialiste qui infantilise les citoyens, concentre tout le pouvoir au sommet de l’État, affaiblit le rôle du Parlement, remplace le débat sur les idées par le débat sur les personnes… Ensuite, cette élection est déjà jouée, Macron sera réélu. Tout est fait pour que le duo Macron / Le Pen arrive au second tour, et que Macron apparaisse comme le candidat le « moins pire » pour lequel, comme en 2017, presque toute la gauche et presque toute la droite appelleront à voter afin de « faire barrage » à Le Pen. Nous ne voulons plus choisir entre la peste et le choléra, nous refusons cette mascarade.
Les élections législatives sont plus importantes que la présidentielle. Les candidats constituants aux législatives porteront un programme de changement de la Constitution et même d’une nouvelle Constitution. Élus, ils ne s’inscriront pas dans le cadre du système actuel, ils agiront pour mettre en place un nouveau cadre grâce au changement de Constitution.
C’est pourquoi, dans la perspective de 2022, il faut concentrer nos forces sur les élections législatives en présentant partout des candidats constituants, et ne pas nous disperser sur la présidentielle qui est un piège. Le boycott citoyen dès le premier tour est le seul moyen de contourner le piège du faux duel Macron / Le Pen et d’ouvrir la situation politique après les élections.
Mettre un coup d’arrêt à la dérive présidentialiste
En délégitiment le sommet de l’État, c’est tout le système qui sera ébranlé. Le président élu sera considérablement affaibli.
Se fixer l’objectif que la somme des abstentions, des blancs et des nuls soit supérieure au nombre de voix obtenues par le candidat élu
Nous montrerons qu’entre le « pays légal » (Macron ou un autre) et le « pays réel » (le peuple qui a boycotté), c’est le pays réel qui est légitime et qui, à ce titre, pourra prendre des initiatives inimaginables aujourd’hui…
Tenir des stands du boycott devant le maximum de mairies lors des deux tours de la présidentielle
L’objectif sera de montrer aux yeux de tous que le boycott de la présidentielle est tout le contraire d’un retrait de la vie politique et de la citoyenneté, mais un acte politique conscient et déterminé.
Rassurer les électeurs et sympathisants des partis politiques
Hormis le duo Macron / Le Pen qui théâtralise et prend en otage la vie politique, les électeurs et sympathisants des partis politiques qui ne font pas partie de ce duo ont tout intérêt, eux aussi, à participer au boycott. Car autrement ils seront encore plus laminés qu’aujourd’hui.
[yarpp]
Bonjour,
Merci de votre message. C’est en effet une hypothèse, mais la meilleure stratégie nous semble être la mobilisation pour le vote blanc ou nul ou l’abstention, et la présentation de candidats constituants aux législatives.
Cordialement.
L’équipe de La Dynamique
Bonjour,
J’ai découvert vos propositions alors que j’étais en train de rédiger une tribune sur une idée pour la présidentielle 2022 afin d’accélérer la mise en place d’une constituante et booster tous les mouvements qui travaillent sur la constitution afin de créer une dynamique nationale. J’ai entendu que vous émettiez une hypothèse pour qu’un candidat-constituante se présente. C’est justement cette idée sur laquelle je suis.
Pour ma part, je suis persuadé que c’est la solution qui permettrait de boycotter tous les autres candidats… qui auront loisirs de se représenter une fois que la nouvelle constitution aura été approuvée par les citoyens.
Un(e) candidat(e)-constituante pour 2022 https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/un-e-candidat-e-constituante-pour-231746