Une raison de plus pour l’abstention-boycott des « élections » européennes !
Dans un article publié le 31 janvier 2024 par le très eurolâtre journal Le Monde, les journalistes Anne Michel et Vincent Nouvet font le point sur une enquête pilotée par la plate-forme d’investigation Follow the Money conduite par un consortium de 24 médias européens. On y apprend que près d’un quart des 704 eurodéputés actuellement en fonction ont été impliqués dans une affaire d’infraction à la loi ou de violation d’un règlement.
C’est à l’occasion de l’affaire dite du « Qatargate », qui éclate le 9 décembre 2022, que le « Parlement » européen a commencé à vaciller. Des images choc ont fait le tour du monde détruisant une image du « Parlement » européen déjà très abimée. On peut ainsi voir Eva Kaili, vice-présidente grecque du « Parlement » européen arrêtée avec quatre complices (des anciens ou toujours parlementaires), accusés d’avoir touché des pots-de-vin du Qatar et du Maroc pour favoriser le soutien à ces pays à Strasbourg, siège du « Parlement » européen. On voit aussi les images de 800 000 euros en cash découverts au domicile de Mme Kaili.
Une enquête officielle a été ouverte à Bruxelles pour corruption et blanchiment, qui reste en cours et qui avance à la vitesse de la tortue. Le « Parlement » européen est probablement l’institution structurellement la plus pourrie du système européen. Elle est à la pointe de la corruption et des influences étrangères.
On recense 253 affaires impliquant 163 « députés » européens (sur 704 !) concernant l’actuelle législature (2019-2024). Elles vont du vol de téléphone portable à la complicité de meurtre, en passant par le détournement de fonds publics européens. Mais trois sujets dominent : 45 affaires sont liées à la corruption ; 44 à la fraude et au détournement d’argent ; 46 au harcèlement moral ou sexuel (voir l’enquête de Politico).
La plupart des groupes politiques sont concernés. Par exemple Eva Kaïli est liée au groupe social-démocrate. Mais on trouve également 55 eurodéputés de l’extrême droite ou de la droite radicale mis en cause sur différents sujets, dont Jordan Bardella et Marine Le Pen pour le RN, et Nicolas Bay pour Reconquête le parti d’Éric Zemmour. On en trouve également 42 pour la droite conservatrice et 26 pour la gauche et les écologistes.
Autre exemple, il est reproché à 5 eurodéputés de s’être vu offrir des voyages de luxe en échange de rapports complaisants sur le déroulement d’élections dans des régimes autoritaires.
Le cas de Ioannis Lagos, ancien président du parti néonazi grec Aube dorée, dissous en 2020 après avoir été reconnu comme organisation criminelle, est hallucinant. En effet, il siège toujours en tant qu’indépendant au « Parlement » européen ! Il vote les textes et participe à des commissions parlementaires depuis sa prison en Grèce où il purge une peine de plus de treize ans pour avoir été impliqué dans le meurtre d’un rappeur et militant antifasciste à Athènes en 2013 !
Une eurodéputée italienne, Lara Comi (Forza Italia), a été reconnue coupable par la justice italienne de corruption au moyen de fausses factures lui ayant permis d’empocher 500 000 euros d’argent public. Elle continue néanmoins d’exercer son mandat de parlementaire malgré sa condamnation en octobre 2023 à quatre ans et deux mois de prison.
L’eurodéputé grec de gauche Alexis Georgoulis fait l’objet d’accusations de viol et de coups et blessures volontaires par la justice belge, qui a obtenu la levée de son immunité parlementaire en juin 2023. Il a été exclu de son parti, Syriza, et du groupe parlementaire de la gauche radicale, The Left.
Pour l’association Transparency International, les chiffres de cette enquête sont encore en deçà de la réalité. « Beaucoup d’informations liées aux députés n’étant pas accessibles au public, il y a un grand nombre d’affaires non révélées. »
Il y a en réalité une véritable impunité car ce qui compte pour le système de l’Union européenne c’est de maintenir l’illusion de la démocratie en faisant croire à l’existence d’un vrai Parlement et de vraies élections. Ainsi, toutes ces affaires ne sont pas portées devant les tribunaux et, lorsque c’est le cas, les infractions commises n’ont conduit pour l’instant qu’à la condamnation définitive de 23 eurodéputés seulement !
Le « Parlement » européen n’est pas l’imprenable forteresse que les citoyens européens sont en droit d’attendre. Il est, par destination, structurellement, une institution exposée à la corruption et à l’influence étrangère.
La leçon à retenir de ces événements est très simple : il faut dès maintenant engager une campagne de boycott-abstention pour les « élections » européennes du 9 juin 2024 !