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Cinq raisons de boycotter les « élections » européennes.

Cinq raisons pour boycotter les élections européennes de 2024
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Par Jean-Louis Brunati, Dynamique populaire constituante

1. Ce faux parlement fait partie intégrante d’un système fermé, ligoté par des règles juridiques innombrables et contraignantes.
2. Ce sont de fausses élections, trompeuses à plus d’un titre.
3. l’UE est une machine anti-démocratie et anti-peuples.
4. L’UE c’est l’appauvrissement pour le grand nombre et la prospérité pour les plus riches.
5. L’UE c’est la pente vers la guerre. Elle ne promeut pas la paix et la diplomatie mais la solution militaire des problèmes de sécurité.

1. LE « PARLEMENT » DANS SES RAPPORTS AU SYSTÈME UE

L’Union européenne est un montage juridique et organisationnel constituant un système fermé. Ses rouages principaux de décisions sont la Commission, le Conseil européen des chefs d’Etat, la Cour de Justice européenne, la Banque centrale européenne. A l’intérieur de cet ensemble technocratique au fonctionnement opaque, propice aux corruptions de toutes sortes, le « Parlement européen » peut apparaître à première vue comme une institution secondaire. Pourtant il joue un rôle non négligeable à l’intérieur de ce dispositif de gouvernance autoritaire… et verrouillé (ce qui fait que l’on peut parler d’un système fermé).

Constatons qu’en dehors des mois de « campagne européenne » le sujet de l’Europe est très peu abordé et encore moins débattu ; tout se passe alors à l’ombre. A l’ombre des rencontres, réunions et « sommets européens », derrière les discours creux sur les valeurs humanistes, les mesures visant à affaiblir les peuples et à les discipliner sont concoctées par des fonctionnaires zélés et surpayés, commissaires européens et technocrates nationaux main dans la main. En effet les décisions prises au niveau supranational ont un impact très dommageable pour les peuples européens. Les effets de ces mesures sont très concrets : baisse du niveau de vie, destruction du système de santé, de retraites, d’éducation, des services publics…

Ces décisions cheminent de façon particulièrement spécieuse car les oligarques européens délèguent l’application de ces politiques aux instances gouvernementales et parlementaires nationales afin de détourner sur ces dernières les réactions des peuples aux attaques et régressions qu’ils subissent. Une sorte de délocalisation politique effectuée par cette nouvelle forme de gouvernement que l’on appelle gouvernance. Opération réussie dans la mesure où, jusqu’à présent, les protestations légitimes contre les gouvernements ne font pas clairement le lien entre les responsabilités de leur exécutif national et celles de l’exécutif bruxellois.

Les effets néfastes de cette gouvernance pour les peuples européens ne sont pas dû au hasard, ils découlent directement des orientations générales et de la volonté qui guident les dirigeants de l’UE : diluer les nations dans le marché en étendant au maximum l’espace du marché dérégulé, avec le libre-échange comme règle absolue. Ce système dirigiste et autoritaire travaille en réalité pour les intérêts privés des grandes firmes mondialisées européennes et états-uniennes.

Fonction de ce « parlement ». Sert-il les peuples ou le système oligarchique européen ?

Dans ce fonctionnement opaque, il est clair que le « Parlement » européen ne joue pas le rôle moteur [1]. Quelle fonction occupe-t-il dans cet ensemble ? Au-delà des apparences, il est en réalité un vecteur essentiel de l’idéologie « pro-européenne », un appareil idéologique important dans le dispositif.

On prétend légitimer ce faux parlement par le fait qu’il procède du suffrage universel. Mais suffit-il qu’une assemblée soit composée d’élus au suffrage universel direct pour faire un parlement ? Evidemment non ! On pourra alors se demander à quoi servent ces parasites grassement payés et interroger les raisons réelles de leurs motivations.

Voyons ça dans le détail. Ce « parlement » n’a pas l’initiative des lois, il ne vote pas l’impôt, il n’a aucun moyen véritable[2] de censurer la Commission ou de contrôler l’exécutif. Il ne peut que voter les lois qu’on lui soumet, ou ne pas les voter, mais alors ce n’est que partie remise…

Il pèse si peu face à la Commission et au Conseil européen qu’on peut affirmer que son pouvoir réel est marginal. Différents traités et actes se sont succédé depuis le traité de Rome, ils ont mis en avant des « avancées » présentées comme démocratiques : passage du rôle initialement défini comme « consultatif » à la « coopération » Aujourd’hui on nous parle de « co-décision », de « partage législatif » avec le Conseil européen mais ce ne sont que des paroles, un pur abus de langage. Car le pouvoir réel consisterait à influer sur les décisions importantes et stratégiques, ou d’en bloquer certaines, comme ça se passe en principe dans les parlements nationaux. Or il n’en est rien.

Alors à quoi sert-il ? Sert-il les intérêts des peuples comme le prétendent certains « opposants », ou bien est-il un outil de plus dans la panoplie du système fermé qu’est Union européenne ? Les faits plaident amplement pour la seconde option.

Deux exemples récents

La Commission européenne a tranché le 16 novembre 2023 : en faveur du renouvellement pour 10 ans de l’autorisation donnée au glyphosate (pourtant classé comme « cancérigène probable » par l’OMS). Décision prise faute d’une majorité qualifiée d’Etats-membres pour se prononcer pour ou contre, la France s’abstenant avec 5 autres pays dont l’Allemagne. A cette décision est venue s’ajouter une « surprise » : le rejet par le « Parlement » européen de la proposition de la Commission de réduire l’usage des pesticides de 50 % d’ici à 2030. En effet la droite libérale, dominante au « Parlement », trouvant le texte de la Commission trop contraignant, l’avait amendé dans un sens opposé à cette réduction alors que les verts et la gauche européenne réclamaient au contraire 60 % de réduction au lieu de 50 %.

Concrètement qu’en est-il résulté ? Le « Pacte vert » de 2015 en a pris un sale coup. C’est le retour à la case départ sur la question des herbicides, vraie question, aux enjeux multiples, mais mal posée. En effet elle est posée à un niveau trop éloigné des réalités concrètes et des situations locales et surtout la collusion étroite entre les politiques de la mondialisation néolibérale et l’exécutif européen n’est pas réellement contestée dans cette affaire comme dans d’autres. Là encore l’échelle nationale est le niveau adapté pour débattre et trouver des solutions qui aillent dans l’intérêt de de la majorité.

Autre exemple : le 27 novembre 2023, la Commission européenne ratifie un accord commercial avec la Nouvelle-Zélande qu’elle qualifie « d’ambitieux et historique », au nom du « libre-échange » bien sûr, (quasi-suppression des droits de douane). Elle vante les « 4,5 milliards d’euros par an » promis par les exportations vers ce pays, mais évite de détailler l’impact qu’auront les importations de produits agricoles sur les agriculteurs européens ! Le « Parlement » européen s’y oppose-t-il ? Bien au Contraire ! L’accord obtient une large approbation des élus au « Parlement » européen (524 pour, 85 contre, 21 abstentions). Il ne reste plus qu’à espérer que la Nouvelle-Zélande ne ratifie pas l’accord de son côté en février 2024 !

Les opposants de la gauche européenne et des Verts pourront dire qu’ils se sont battus… Mais comment ? Et surtout avec quel résultat ? Quel bilan tirent-ils de leur action ? Suffit-il de dénoncer les lobbies des gros agriculteurs et l’action de l’extrême-droite ? Ne faudrait-t-il pas que ces opposants s’interrogent sur les faiblesses et les points aveugles de leur positionnement, sur les limites de la rhétorique de l’indignation « vertueuse » ?

Ce parlement n’en étant pas vraiment un, il y a forcément tromperie sur la marchandise qu’on cherche à nous vendre tous les 5 ans. En dehors de ces périodes d’intenses auto-célébrations de l’UE et de ses bienfaits, on ne parle pratiquement jamais dans les « grands médias » de la réalité, notamment économique et sociale, de ce qui se passe pour les peuples dans les pays européens.

Imaginons qu’il n’y ait pas de parlement européen. La machine de ce système fermé sur lui-même n’en continuerait pas moins, mais sans doute avec moins de succès et pour moins longtemps. Bref, à travers l’emploi du mot « parlement » marqueur de la démocratie, le système de l’UE veut gagner en légitimation en faisant croire à un contrepouvoir qui n’existe pas. Il se donne une apparence vertueuse, une caution démocratique pour mieux fonctionner en vase clos et à l’abri de toute critique.

Ce « parlement » présente ainsi la vitrine « démocratique » de l’UE, mais comme dans la boutique la marchandise n’est pas belle à voir, la vitrine sert à masquer le côté très douteux des tractations qui se passent à l’intérieur, aux dépens des peuples. Brisons la vitrine ! Bloquons cette machine infernale destinée à faire croire que l’Union européenne est démocratique.

2. CE SONT DE FAUSSES ELECTIONS, TROMPEUSES A PLUS D’UN TITRE

A) Les peuples, grands absents de cette mascarade.

A l’occasion des élections européennes on parle certes de l’Europe… En réalité on joue sur les mots, on parle de l’Europe des 27, alors que du point de vue de la géographie et de l’histoire, l’Europe compte 57 pays, dont une partie de la Russie. Pendant la campagne officieuse et officielle qui précède ces élections et même avant, tous les partis européens se préparent activement. Le gros problème vient du fait qu’ils sont tous europeistes à des degrés divers, ce qui fait que tout débat sur l’existence de l’UE, ses institutions, son mode de fonctionnement est interdit de fait.

Les seules voix critiques autorisées par les grand-prêtres médiatiques sont celles qui prônent un changement de l’intérieur, concernant des points secondaires et ne remettant pas en question frontalement le cœur du système, ses axes stratégiques, son organisation, bref la logique néo-libérale à l’œuvre. De plus ces « résistants » de l’intérieur sont minoritaires au niveau européen ; circonstance aggravante, ils sont radicalement opposés entre eux sur ce qu’il faudrait changer !

Enfin, tous rejettent l’idée de souveraineté nationale ou la déprécient, ce qui revient au même. La souveraineté nationale suppose que les choix politiques importants ne peuvent être décidés qu’au niveau national et doivent obéir aux principes de la souveraineté du peuple, qui exige en particulier que ces décisions soient prises sous son contrôle et dans son intérêt. Il est clair que l’existence et la montée de l’extrême-droite européenne ne correspondent pas du tout à cette vision universaliste de la nation et cultivent au contraire le ressentiment, le rejet de certaines catégories, exacerbe les racismes, rappelant ce nationalisme qui fit si bon ménage avec les impérialismes du siècle dernier pour combattre férocement les forces du progrès social. Pour les élites mondialistes le rôle de cette extrême-droite new-look est d’autant plus appréciable que cette dernière ne remet pas du tout en cause les fondements du capitalisme néo-libéral (cf les positions des Méloni, Wilders, etc.) tout en incarnant la figure du méchant contre laquelle on pourra se présenter comme le camp du bien, du beau et du bon, bref des « valeurs ». C’est l’allié-repoussoir parfait. Les grands médias s’en régalent.

Ainsi les dirigeants de l’UE peuvent à bon compte dénigrer les Etats-nations comme des figures du passé, se saisissant du repoussoir que représentent les leaders d’extrême droite pour tenter d’évacuer les idées pourtant précieuses de nation et d’Etat social, avec l’assentiment d’une grande partie de ceux qui se présentent sous l’étiquette de la gauche. C’est le crime parfait !

En privant les citoyens de tout bilan critique et de tout débat sur l’utilité des institutions de l’Union européenne, sur le caractère nocif de la monnaie unique, sur le fonctionnement de ce système injuste, les « élections » européennes apparaissent pour ce qu’elles sont, un outil essentiel de la propagande pro-UE car les conséquences de l’application de la règle suprême de la « concurrence libre et non-faussée » ne sont jamais mises sur le tapis. D’autre part les « élections européennes » constituent l’alibi parfait pour les oligarques européens par la mise en avant d’oppositions dont ils n’ont rien à craindre car elles jouent le rôle d’opposition contrôlée, de rebelles autorisés.

B) Ces élections prétendent être l’incarnation d’un « peuple européen » qui n’existe qu’en imagination.

Seul un peuple peut faire qu’il y ait un parlement. L’inverse n’est pas possible. Une assemblée ne peut faire exister un peuple européen par le simple fait qu’elle est élue par des citoyens issus de peuples différents. D’ailleurs, la preuve est faite, depuis 1979, date des premières élections, l’idée de faire partie d’un même peuple n’a pas progressé d’un pouce dans la conscience des Européens, au grand dam des europeistes. Car cela supposerait que les Français cessent de se penser comme français, les Allemands comme allemands, les Italiens comme italiens, etc.

Il n’existe pas de peuple européen sauf à vider de tout sens le mot peuple. C’est peut-être l’effet qui est d’ailleurs recherché : ôter tout contenu politique et démocratique au mot et à l’idée même de peuple en rapprochant ce terme jusqu’à le confondre avec celui de population, catégorie descriptive et qui devrait le rester. Il existe bien une population européenne, au même titre qu’il existe une population mondiale, une population alsacienne ou marseillaise, mais pas de peuple mondial, pas de peuple alsacien, pas de peuple marseillais.

Avec cette confusion des termes, le danger est grand de glisser vers des conceptions ethnicistes ou/et communautaristes de la notion de peuple. Ne parle-t-on pas déjà couramment de population immigrée, de population musulmane, de population féminine, etc. Comme on parle de population de fourmis. On peut chiffrer la population européenne, mais pas le peuple européen puisqu’il n’existe rien de tel. Ce qui se construit à travers l’UE, c’est un nouveau type de pouvoir exécutif qui ressemble moins à un Etat qu’à un Empire, c’est à dire un espace plus ou moins bien délimité, avec un centre et des périphéries plus ou moins bien traitées, à l’intérieur desquelles on trouve des populations plus ou moins bien considérées… Rappelons-nous le terme de « PIGS » accolé aux pays du Sud de l’Europe par des journalistes de la finance anglo-saxonne après la crise de 2008 et qui eut malheureusement un certain succès. Le terme a disparu, mais l’idée dépréciative est restée, avec ses connotations racistes et insultantes pour les peuples de ces pays (Portugal, Italy, Greece, Spain).

C) L’enjeu de ces élections

Tout le monde le sait, même si ce n’est pas dit ouvertement, le véritable enjeu de ces élections est davantage national qu’européen. Ces élections sont donc utilisées à des fins de pré-campagne présidentielle notamment en France, législatives dans la plupart des autres pays de l’UE. Les candidats tête de liste de chaque pays se soucient fort peu des problèmes que rencontrent les peuples des autres pays, ils s’adressent aux électeurs de leur pays pour engranger le plus de voix dans la perspective de gagner des points dans les élections les plus importantes. Ce qui n’est pas gagné ! Car les résultats aux élections européennes ne prédisent pas ceux de la présidentielle ou des législatives qui suivent. Les bons résultats des écologistes aux européennes de 2019 où Jadot tête de liste, obtient 13,75 % n’ont pas permis au même Jadot d’atteindre plus de 4,63 % des voix à la présidentielle de 2022.

Au-delà des différences, tous les partis sont europeistes dans la mesure où ils croient en la « construction européenne » et au dépassement des Etats-nations. Ce qui diffère c’est le degré de croyance en l’UE. Ces élections sont surtout pour les partis une occasion en or pour se financer. Renforçant ainsi les partis installés. Cet aspect financier mérite un examen plus détaillé des rémunérations des parlementaires européens. L’enveloppe des députés est deux fois et demie supérieure à celle des députés français. En plus de leur salaire de 6 825€ nets par mois, ils bénéficient de 320€ par jour de présence au « Parlement », de 4 513€ mensuels pour couvrir leurs « frais généraux » en plus des voyages pris en charge, et de 24 943€ par mois pour employer des assistants parlementaires.

Imaginons que les parlementaires européens soient payés au tarif français (déjà discutable). Y aurait-il autant d’enthousiasme pour la cause européenne ?

D) Les partis dominants jouent leur partition dans le dos des peuples

Il s’agit aussi pour les principales formations politiques de recycler leurs élus battus aux élections, ou de tester un nouveau cheval et surtout de conforter leur position dans la course à l’Élysée, empêchant par là-même l’émergence de nouvelles forces politiques qui dérangeraient leurs pratiques boutiquières. Faisant le jeu des partis dominants ces élections brident le pluralisme politique. Le peuple sentant qu’il n’y a pas de place pour lui dans ces élections boude les urnes européennes régulièrement et il a bien raison. Certains pourtant y participent tout en se disant opposés à l’UE. En présentant des listes au nom du peuple, de la citoyenneté, de la démocratie, de la souveraineté, ils font fausse route. Il n’y a pas de place pour ces listes dans ces élections, car elles sont faites pour les grandes formations, déjà bien installées dans la machine électorale. De plus, en se présentant, en cherchant à être « visibles », tout ce petit monde est amené à adopter le même type de calcul que les grosses machines électorales des partis installés, à savoir chercher à se positionner pour être le mieux placé en vue de « l’élection-reine ». Sauf qu’ils n’en ont pas le début des moyens ! Dans ces conditions pourquoi y aller sinon pour flatter des ambitions personnelles et des carrières individuelles. En réalité chacun de ces groupes « citoyens » ou « souverainistes » cherche à être le plus beau, le meilleur et à gagner un peu de terrain aux dépens des autres. Il vaudrait bien mieux renforcer le camp de ceux qui refusent cette mascarade électorale.

3. L’UE EST UNE MACHINE ANTI-DEMOCRATIE ET ANTI-PEUPLES

L’Union européenne est un modèle d’anti-démocratie. Elle se présente comme bienveillante et tolérante mais c’est une tyrannie de facto. Son exécutif, composé essentiellement de commissaires non-élus, est incarné actuellement par Ursula Van der Leyen, personnalité très ouvertement otanienne et atlantiste, omniprésente médiatiquement, alors qu’elle a été éclaboussée par un scandale de corruption quand elle était ministre du gouvernement d’Angela Merkel dont elle a dû démissionner. Cela n’empêche ! Présidente de la Commission, la voilà quasiment à la tête de l’Union européenne ! En effet il ne se passe pas de semaine sans qu’on la voie parader à la télévision, vanter d’un ton véhément le système dont elle profite largement. Campagne vaccinale anti-Covid, guerre en Ukraine, Gaza, Davos, elle est sur tous les fronts et pratique le mensonge et la dissimulation à longueur de discours. La démocratie pour elle se limite à la tenue d’élections sous contrôle des médias mainstream et de systèmes politiciens qui ne fonctionnent pas ou très peu sur un modèle démocratique.

L’Union européenne est un montage patiemment construit pour éliminer de façon « soft » la démocratie en éloignant les exécutifs de tout regard des peuples sur leur action. En effet la démocratie est, en général considérée dans les sphères dominantes comme un frein aux « réformes » voulues par les grands groupes multinationaux. Elle serait trop lente, sujette aux aléas des changements de gouvernements, l’opinion trop facilement manipulable par le « populisme », les fakes news, la « désinformation », etc. Ce discours est omniprésent au point qu’il apparaît de plus en plus comme un tic de communication, le symptôme d’une inquiétude grandissante chez les puissants de voir leurs propres mensonges et manipulations dévoilés.

La démocratie au sens vrai du terme, pouvoir du peuple, devait être mise sur la touche pour que l’agenda des néolibéraux puisse se dérouler sans entraves, sans intervention directe ou indirecte du peuple, incapable selon eux de saisir les enjeux de « lois économiques » dont ils tiennent seuls à détenir les clefs, au besoin à la manière forte. Nous y sommes et c’est inquiétant.

Ce discours n’a rien de nouveau. Dès le début du vingtième siècle dans les pays occidentaux, avec le développement du suffrage universel, du syndicalisme, des partis de masse, des associations…, certaines voix (Hayek, Lippmann et d’autres) qui avaient l’oreille des puissants ont alerté ces derniers sur le danger de la « tyrannie de la majorité », sur les « excès » de la démocratie, sur les « dérives » du parlementarisme qui empêchaient selon eux les gouvernants de gouverner et l’économie de se libérer de toute entrave et de dévier des lois « naturelles » du marché capitaliste. Il s’agissait de limiter le rôle du parlement car cela risquait de conduire les peuples vers le socialisme[3].

Dès l’après-guerre, la puissance occidentale hégémonique, les Etats-Unis, profitant de l’affaiblissement considérable des pays européens dévastés par la guerre, ont voulu contrôler l’évolution et le redressement des pays de l’Europe de l’Ouest. Au nom de la lutte contre le communisme, ils voulaient empêcher toute possibilité de rapprochement et de coopération économique et pacifique entre pays européens, susceptible de constituer une puissance rivale trop importante sur le continent eurasiatique.

Les stratèges états-uniens ont tout fait pour permettre après-guerre la construction d’une entité en Europe de l’Ouest partageant leur idéologie fortement libérale, opposée aux interventions de l’Etat dans les économies nationales. Le but immédiat était de maximiser les profits de leurs grandes entreprises par l’exportation des produits surabondants de leur économie.

Ce système ayant été conçu pour imposer des politiques favorables aux puissants, il fallait faire taire les peuples en les éloignant le plus possible des prises de décision. Le résultat a donné ce monstre de technocratie qui n’a pas d’équivalent dans le monde, grâce à des personnes très influentes et favorables à cette politique, notamment deux Français douteux, Jean Monnet et Maurice Schuman.

Un dernier élément anti-démocratique caractérise les relations entre « Parlement », Commission et Conseil européen, c’est la confusion des pouvoirs qui y règne. Il n’y a pas séparation des pouvoirs, b-a ba des régimes censément démocratiques, dans la mesure où l’exécutif et le législatif sont confondus dans les principales instances.

Ne parlons pas de « L’Europe des valeurs » qui est un conte pour les enfants… Où est la transparence quand c’est l’opacité qui règne ? (achat des vaccins Pfizer et Moderna, fonctionnement interne des différentes instances, etc.) Où est la solidarité quand c’est le chacun pour soi ? (masques, achat des F35 américains au lieu des avions français, etc.).

Où est la « concurrence libre et non faussée » quand ce sont les monopoles privés transnationaux et leurs lobbies qui font la pluie et le beau temps dans les décisions stratégiques ? Des choix importants ont été faits au détriment de notre pays. Sortie relative mais significative du nucléaire voulue par l’Allemagne, démolition du monopole d’EDF pour la fixation du prix de l’électricité, avec alignement de son prix sur le prix du marché, à partir du prix du gaz fourni par la centrale thermique la plus chère ! Investissements démesurés dans les éoliennes et le capitalisme vert, etc.

Pas étonnant dans ces conditions que l’UE se révèle de plus en plus être une machine à imposer des choix à marche forcée. Prétendre la changer de l’intérieur est une tromperie qui contribue à empêcher toute critique radicale et sérieuse de ce système néfaste, à détruire absolument. Pour reconstruire il faut parfois détruire, c’est le cas aujourd’hui, sinon la démocratie que nous voulons ne sera pas possible demain.

4. LUE C’EST L’APPAUVRISSEMENT POUR LE PLUS GRAND NOMBRE, LA PROSPÉRITÉ POUR LES PLUS RICHES

L’Europe c’est la prospérité ? Où est la richesse qui devait « ruisseler » ? Où est la prospérité promise par les traités de Maastricht et de Lisbonne ? L’UE c’est tout le contraire, c’est l’augmentation des inégalités, entre les peuples et à l’intérieur de chaque nation. Certains appelaient de leurs vœux une Europe à deux vitesses. De fait au sein de l’Union on assiste à une Europe à plusieurs « vitesses ». Les économies qui devaient grâce à l’euro converger, divergent au contraire de plus en plus, depuis l’introduction de l’euro justement !

Exemples à foison.

Alors que les prélèvements, les taxes et les prix des denrées les plus nécessaires sont en hausse constante, notre économie est en quasi-récession. L’Allemagne, l’Italie sont déjà en récession.

Malgré le « quoi qu’il en coûte » (qui est officiellement terminé) la pauvreté déjà élevée progresse de façon inquiétante (plus de 11 millions[4])

La précarité continue de progresser et le chômage de masse toujours bien présent malgré des statistiques biaisées pour les besoins de la communication gouvernementale.

La désindustrialisation continue de plus belle, ce qui pénalise fortement l’avenir de l’emploi et l’ensemble de l’économie cependant que les faillites de petites et moyennes entreprises s’accumulent[5].

Les petits producteurs, agriculteurs, artisans, entreprises souffrent des quotas, lois qui leur sont imposées. Ils subissent le contre-coup des avantages qui sont accordés par l’UE à d’autres pays extra-européens en application des traités et accords de libre-échange.

La balance commerciale des échanges de biens de la France accuse un déficit chronique qui pèse sur l’endettement et le niveau d’emploi[6].

Le service de la dette explose avec l’augmentation de la dette elle-même. L’Allemagne elle-même, pays tant vanté pour son économie, « moteur de l’économie européenne » est en panne ! Alors qu’elle a pendant plus de 20 ans profité de l’euro fort et de ses échanges privilégiés avec les PECO (Pays de l’Europe Centrale et Orientale ). En effet les investissements allemands dans ces pays à bas coûts salariaux (PBCS) lui permettait d’importer de ces pays les produits qu’elle exportait ensuite sans véritable valeur ajoutée mais avec le tampon « Made in Germany », notamment en Europe, creusant ainsi l’écart avec les autres économies européennes en les affaiblissant.

Enfin et surtout la politique de la monnaie unique avec l’euro depuis 1992, a conduit à faire de la zone euro la région du monde du chômage massif et des bas salaires. Au nom des politiques qui ont accompagné sa création (inflation à 2 % max, déficit budgétaire à 3 %, dette 60 % max du PIB) les inégalités se sont creusées, les services publics sont exsangues, la protection sociale, la santé, en grand danger, la Sécurité sociale démantelée, etc. Depuis l’introduction de l’euro, la France a perdu en pouvoir d’achat, a vu son taux de chômage, déjà massif, augmenter, son économie rétrograder, son tissu industriel se défaire… En guise de prospérité nous glissons dans une pente funeste, rapprochant notre pays de la situation des pays dénigrés par la nomenclatura européenne, les « PIGS ». Rappelons-nous de l’humiliation faite à la Grèce en 2015.

N’ayant pas prise sur cette monnaie, nos gouvernements sont dans l’incapacité de faire quoi que ce soit en matière de choix stratégiques, ni d’orienter l’économie et les services publics vers la satisfaction des besoins élémentaires du plus grand nombre. L’existence de l’euro justifierait à elle seule une sortie de l’UE.

5. L’UE C’EST LA PENTE VERS LA GUERRE.

Riende plus terrible pour les peuples que les guerres. Rien de plus inquiétant que le retour de discours bellicistes. L’UE derrière de beaux discours n’est pas une force de paix. Elle ne défend pas la paix, la diplomatie, la recherche de solutions évitant les conflits armés, mais au contraire encourage la solution militaire des problèmes de sécurité.

Son allégeance à l’OTAN est soulignée à chaque occasion. Ainsi dans les « Conclusions » du dernier « sommet européen » des 14 et 15 décembre, on rappelle que « l’OTAN… reste le fondement de la défense collective pour ses membres ». L’UE en matière de défense entend jouer simplement un rôle de « complémentarité ». Tout est dit !

Non l’UE ce n’est pas la paix ! C’est la guerre ! Il suffit de regarder vers l’Ukraine[7]. Dès le début de cette guerre l’UE propose tout de suite d’armer ce pays sans aucun temps d’analyse, sans aucune réflexion qui puisse aboutir à des négociations pour la paix.

Au lieu de chercher à s’interposer comme tiers dans cette guerre entre la Russie et Ukraine/USA[8], l’UE livre à l’Ukraine, un stock d’armes conséquent, déverse des milliards d’euros, (85 milliards ! + 50 milliards à venir), déchaîne une propagande à sens unique, précipite son entrée dans l’UE et donc dans l’OTAN, ce qui constituerait un casus belli supplémentaire et un point de non-retour pour la Russie. Au lieu d’être un frein à la guerre, l’UE est un des acteurs essentiels de son aggravation.

Israël Gaza

Macron appelant sans en parler à personne à une nouvelle coalition internationale, idée vite abandonnée, autour d’Israël pour « éradiquer » le Hamas. Ursula von der Leyen se rendant immédiatement à Tel Aviv après le 7 octobre pour soutenir Israël dans sa guerre vengeresse. Braun- Pivet et Larcher soutenant « inconditionnellement » Israël, suivant en cela les premières déclarations américaines et l’inévitable Ursula von der Leyen.

Nous avions déjà l’histoire anti-russe, nous avons l’hystérie pro-Israël. Etrange montée aux extrêmes dans les attitudes et les discours ! Pour le moins peu raisonnable cette propension à l’hystérie quand le théâtre de la guerre se rapproche ! Ça n’augure rien de bon de la part de nos « élites » déboussolées.

Mais là aussi ce n’est pas d’aujourd’hui. Dès son lancement la construction européenne a été façonnée pour répondre aux intérêts des Etats-Unis et pas à ceux des Européens. Le projet américain était de créer un ensemble hostile à l’URSS (on le voit aujourd’hui dans l’hystérie anti-russe de l’Union européenne) et de destruction du modèle social hérité de la Libération.

Dès le début des années 40 les Etats-Unis préparent un véritable assujettissement de l’Europe de l’Ouest par l’Allied Military Government of Occupied Territories. (AMGOT) [9]

C’était un projet très avancé de gouvernement militaire d’occupation constitué par des officiers américanobritanniques chargés d’administrer les territoires libérés à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Washington avait prévu d’imposer à la France – comme aux futurs vaincus, Italie, Allemagne et Japon – un statut de protectorat, régi par cet AMGOT. De Gaulle fortement opposé à ce projet à, a empêché qu’il puisse se réaliser en France. Mais ce gouvernement militaire a été établi avec succès dans certains pays, alors que dans d’autres il a été considéré comme illégitime et a rapidement été remplacé par un gouvernement national de transition.

Puis il y a eu la tentative de créer en 1952 l’Union de Défense européenne, qui était déjà dans cette lignée de politique de « guerre froide », tentative tuée dans l’œuf grâce à l’opposition des gaullistes, des communistes et de quelques autres, en particulier Mendès-France, à la tête du gouvernement de l’époque. Aujourd’hui les dirigeants de l’UE reparlent abondamment de renforcer la défense européenne ce qui équivaut à renforcer l’OTAN.

L’Union européenne est un instrument de la guerre froide, elle est atlantiste et agressive. Il s’agit aussi comme toujours pour les Américains d’empêcher toute possibilité d’union coordonnée et indépendante des nations européennes, ce qui constituerait un ensemble en capacité de nouer des relations de coopérations avec tout l’Est européen, dont la Russie, « de l’Atlantique à l’Oural » et de leur damer le pion économiquement ; susceptible également de contester l’hégémonie que deux guerres mondiales meurtrières sur le sol européen avaient permis aux États-Unis d’acquérir et de consolider.

En parfaite continuité avec ce projet nord-américain de longue date, le traité de Nice en 2000 venait confirmer la place prééminente de l’OTAN pour assurer la « sécurité » en Europe. Ainsi alors que le Pacte de Varsovie est dissous en 1991, le partenariat stratégique entre l’UE et l’OTAN est formalisé en 2002 par la « déclaration OTAN – Union européenne ». L’UE en serviteur appliqué poursuit sa basse besogne. On en voit les conséquences désastreuses aujourd’hui, la réalité nous rattrape et ne plaide pas en faveur de l’Occident quand on voit la montée des BRICS.

Par une abstention et un boycott massif montrons la face noire de cette opération de propagande européiste ! Il est grand temps que les abstentionnistes, les gilets jaunes, les chômeurs, les exploités, les « premiers de corvée », les citoyens, en résumé ces gens qui sont le peuple, se rendent compte de leur force et reprennent en mains leur destin par le biais du seul scrutin qui compte : les législatives, des législatives constituantes, en formant des comités locaux de citoyens constituants.

  1. Même un européiste de haut vol comme feu Giscard d’Estaing le reconnaissait en 2018 au micro d’Europe1 :« il ne faut pas se tromper, ce ne sont pas des élections très importantes car le parlement européen n’est pas très important. C’est nous, je dirais presque moi, qui avons fait ce parlement en 1976. Son rôle est simplement de vérifier que les textes proposés par la Commission sont conformes aux traités, c’est tout. Il n’a pas de pouvoir politique, pas de pouvoir de diriger l’Europe.» https://www.leparisien.fr/politique/valery-giscard-d-estaing-les-elections-europeennes-donnent-lieu-a-une-agitation-inutile-05-04-2019-8047383.php
  2. Le Parlement peut adopter une motion de censure à l’encontre de la Commission et a même le pouvoir de la dissoudre. Aucune des huit motions de censure soumises jusqu’ici au Parlement n’a été adoptée. En 1999, la Commission Santer a démissionné avant que le Parlement ne la dissolve.https://www.europarl.europa.eu/about-parliament/fr/powers-and-procedures/supervisory-powersLes rejets systématiques des motions de censure s’expliquent par le fait qu’il faut la majorité des 2/3 pour qu’elles puissent aboutir. Or les partis dominants depuis 40 ans au sein du « parlement » européen, (Sociaux-Démocrates et Parti populaire européen ou PPE), s’opposent régulièrement et dans une belle unité à toute mise en difficulté de la sacro-sainte Commission. 
  3. Dans les années 30 en France ce discours s’est développé à droite, au Parti radical et même à la SFIO, puis on a connu sa version dure avec Vichy, enfin la version gaulliste, encore en vigueur aujourd’hui a raffiné cette position par la Constitution de 1958.
  4. Le taux de pauvreté en France est officiellement de 14,6%, alors que les personnes pauvres représentent en réalité au moins 17% de la population selon Oxfam France.https://www.oxfamfrance.org/inegalites-et-justice-fiscale/pauvrete-inegalites-france/
  5. « au second trimestre de cette année, les faillites d’entreprises en France se sont envolées de presque 35% ». (Figarovox)https://www.lefigaro.fr/societes/c-est-le-retour-sur-terre-pourquoi-les-defaillances-d-entreprises-se-multiplient-20230712
  6. La balance commerciale accuse un déficit historique de 163,6 milliards d’euros en 2022, soit une dégradation de près de 80 milliards d’euros sur un an, imputable très largement à la hausse des prix de l’énergie » selon La Tribune .https://www.latribune.fr/economie/france/apres-s-etre-stabilise-le-deficit-commercial-se-creuse-a-8-milliards-d-euros-en-aout-978985.html#:
  7. L’Ukraine a certes été envahie par la Russie mais surtout elle est depuis longtemps sous influence occidentale, divisée, manipulée et dressée contre la Russie par les E-U via l’OTAN bien avant février 2022, en réalité depuis au moins février 2014 avec le coup d’état de Maidan qui a renversé un gouvernement légalement élu grâce à l’aide apportée par Victoria Nuland personnage clé et haut placé des affaires étrangères américaines. On pourrait remonter même bien avant tant il est avéré que l’Ukraine intéresse les E-U depuis longtemps pour des raisons stratégiques et économiques.
  8. L’Ukraine a certes été envahie par la Russie mais surtout elle est depuis longtemps sous influence occidentale, divisée, manipulée et dressée contre la Russie par les E-U Etats-Unis via l’OTAN bien avant février 2022, en réalité depuis au moins février 2014 avec le coup d’état d’Etat de Maidan qui a renversé un gouvernement légalement élu grâce à l’aide apportée par Victoria Nuland personnage clé et haut placé des affaires étrangères américaines. On pourrait remonter même bien avant tant il est avéré que l’Ukraine intéresse les E-U Etats-Unis depuis longtemps pour des raisons stratégiques et économiques.
  9. Ces gouvernements militaires devaient être mis en place pour assurer le fonctionnement de l’administration en attendant l’établissement de gouvernements démocratiquement élus. Ils augmentaient l’influence américaine dans les pays occupés. Ce gouvernement militaire américain des territoires occupés aurait aboli toute souveraineté, y compris le droit de battre monnaie, sur le modèle fourni par les accords Darlan-Clark de novembre 1942.pastedGraphic.pngBillet de 100 francs émis par les États-Unis, sur le modèle du dollar US. Si la devise républicaine « Liberté, égalité, fraternité » figure bien sur ce billet, le mot « France » est substitué à « République française ».

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