Parrainages : Le Pen, Mélenchon, Zemmour, boycottez la présidentielle !
À trois mois du premier tour de la présidentielle, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Éric Zemmour, sans parler des « petits » candidats, lancent des signaux d’alerte car ils ne sont pas encore assurés de recueillir les 500 parrainages d’élus nécessaires pour participer à l’élection. Pourtant ils représentent à eux trois, plus de 40 % des intentions de vote. En 2017, les deux premiers avaient obtenu respectivement au premier tour 21,30 % des votes exprimés (16,14 % des inscrits) et 19,58 % (14,84 % des inscrits).
Quel est ce système qui risque d’empêcher des candidats représentatifs de courants d’idées de se présenter à l’élection présidentielle ? Or, au lieu de dénoncer le système présidentialiste, ces mêmes « grands » candidats veulent revenir au secret des parrainages alors qu’ils pourraient demander le retour à 100 parrainages et non 500. Ils démontrent ainsi, hypocritement, que sous couvert de préservation du pluralisme politique, ils cherchent en réalité à préserver leurs propres positions. Car revenir à 100 parrainages aurait pour effet immédiat de qualifier plusieurs « petits » candidat. Et donc de rogner sur le score des « grands ».
Si madame le Pen, et messieurs Mélenchon et Zemmour voulaient vraiment s’attaquer au « système » comme ils le prétendent, ils appelleraient au boycott de la présidentielle. Dans ces conditions, il ne serait même pas certain que cette élection puisse se tenir, tellement elle serait caricaturale. La crise politique et institutionnelle qui serait ouverte, ébranlerait tous l’édifice du présidentialisme.
Allons, madame le Pen, monsieur Mélenchon, monsieur Zemmour, un peu de courage ! Appelez au boycott de la présidentielle !
La classe politique et la presse sont unanimes et dénoncent un « scandale démocratique ». En effet, l’absence de ces trois poids lourds au scrutin serait un déni de démocratie. Pour Stanislas Guérini par exemple, délégué général de LREM, il faut que « Les candidats représentant une sensibilité dans l’opinion puissent concourir au scrutin ». Guillaume Tabard du Figaro alerte sur « le danger bien réel d’une catastrophe démocratique ».
Madame Hidalgo fait exception, elle est la seule à ne pas considérer la situation comme très menaçante pour la démocratie. Le dimanche 9 janvier, au micro d’Europe 1, elle a affirmé « s’il ne les ont pas, c’est qu’ils ne méritent pas d’y participer. Tant pis pour eux ». La situation est absurde, puisque madame Hidalgo atteint près de 2 000 parrainages, tout en ne parvenant pas à franchir la barre des 5 % d’intentions de vote.
Rappelons la raison des parrainages.
Institué en 1962, le principe des parrainages est parfaitement cohérent dans le cadre du système à abolir de l’élection présidentielle au suffrage universel direct. Il vise à écarter les candidatures fantaisistes et loufoques. Il fallait 100 parrainages jusqu’en 1976, il en faut désormais 500. En 2016, une disposition instaurée par François Hollande a rendu publique l’identité de tous les maires qui accordent leur parrainage. Les élus sont partagés sur cette question.
Pour les uns, cette publicité dissuade certains élus d’accorder leur parrainage. Ainsi des maires disent craindre qu’on leur enlève une subvention. D’autres ne veulent pas être « catalogués ». Certes, parrainer n’est pas soutenir, mais la différence ne va pas de soi pour tout le monde, car les élus sont ensuite présentés toute leur vie comme ayant parrainé tel ou tel candidat. Des pressions s’exercent à partir de certaines communautés d’agglomérations, conseils départementaux et régionaux. Des partis menacent d’exclusion les maires tentés de donner leur parrainage à un autre candidat que celui de leur propre parti…
Pour les autres, comme Paul Cassia, professeur de droit public à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, l’anonymat des parrainages de candidats à l’élection présidentielle serait « très malvenu ». Selon lui, « dans une époque qui réclame plus de transparence, ne pas savoir qui est le parrain de tel ou tel candidat à la présidentielle, c’est anachronique ». Le professeur estime qu’il ne faudrait pas « instaurer une sorte de secret, au motif que 2 ou 3 candidats potentiels pourraient poser des difficultés aux personnes qui les parrainent ». Quant à Jean-Éric Schoettle, ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel, il considère que « la publication intégrale, au fil de l’eau, apporte un « plus » démocratique indiscutable (chacun sait qui parraine qui) ».
Un système qui favorise les magouilles.
Du côté des partisans d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen, certains remarquent que Valérie Pécresse aurait un intérêt bien compris à pousser les maires LR à signer pour monsieur Zemmour. « Les masques tombent. De l’aveu d’un proche de Valérie Pécresse, les LR aideront Éric Zemmour dans sa quête des parrainages pour qu’ils affaiblissent la candidature de Marine Le Pen. Éric Zemmour, c’est la meilleure assurance-vie du système ! », a ainsi tempêté le Rassemblement national sur Twitter (Le Monde, 9 et 10 janvier 2022).
Le dispositif des parrainages favorise les manœuvres en sous-main et les parties de billard à plusieurs bandes. Valérie Pécresse doit-elle par exemple aider Éric Zemmour afin d’éviter d’être devancée par Marine Le Pen ? Il n’est pas sain qu’une candidature soit dépendante des intérêts d’un concurrent.
Tous ces commentateurs sont dans une impasse. Ils devraient se rendre à l’évidence, c’est le système présidentialiste qui est à bout de souffle. Pour l’instant ils ont choisi la fuite en avant dans le présidentialisme. Imaginons pourtant le tremblement de terre politique que représenterait l’appel au boycott de trois des cinq concurrents les mieux placés !
Au lieu d’appeler au boycott, appelez au vote de Mélenchon qui porte des idées à 99% dans la même ligne que les vôtres !!!
Sinon, votre article est à s’arracher les cheveux :
1). Vous prétendez que le meilleur moyen pour gagner les élections est de ne pas y participer en espérant que les autres feront de même…
2). Vous accusez Mélenchon (entre autres) de vouloir préserver les 500 parrainages alors que le premier acte de sa campagne a été justement de faire en sorte de passer outre ce système en y préférant une « investiture populaire » ; n’importe qui pourrait choisir, en accordant son parrainage, les candidats pour la présidentielle (il avait fixé une barre hypothétique de 150 000 parrainages pour qu’une majorité de candidats puissent y parvenir).
3). La plupart des « petits » candidats de gauche actuellement assument n’être présents, non pas pour gagner car ils sont conscients qu’ils n’ont aucune chance, mais pour tenter de couler les candidatures plus importantes comme celle de JLM, qui, s’il gagnait, n’assurerait plus leurs positions bien réchauffées dans leurs partis multiséculaires… et ça les effraie. Mais ça ne devrait pas être le cas de leurs électeurs, et bien au contraire !
Même si je ne partage pas votre point de vue sur ce boycottage, j’avoue si ces trois candidats y appelaient…ça aurait de la gueule!…et évidemment de sacrées conséquences politiques…
C’est n’est pas moi qui vais vous suivre.
Les parrainages ne sont pas un choix. Ils permettent démocratiquement à chaque candidat de participer et de Laisser le choix à tous les citoyens de choisir celui ou celle qui leur semble défendre et représenter le mieux leurs intérêts sociaux et économiques en souffrance croissante : école santé hôpitaux emplois etc
Ce que vous proposez est une censure manœuvrière par rapport à la loi et à ceux qui n’ont pas votre faveur.
Le parrainage est neutre par rapport à ce type de manœuvre.
si JLM boycotait la présidentielle un candidat du système (macro, Le Pen ou Pécresse) serait « démocratiquement » proclamé élu (ce n’est pas dans leurs rangs que les abstentionnistes se situent) et pendant 5 ans il continuerait le travail de sape des Sarkozi, Hollande et Macron. Les abstentionniste se consoleraient en disant qu’ils n’y sont pour rien. Belle satisfaction !