C’est le 9 juin 2024 que les « élections » au « Parlement » européen se tiendront en France. Leur seul véritable enjeu sera de tenter de faire progresser la démocratie et la souveraineté du peuple français grâce à une abstention record. Il pourrait apparaître étrange de prétendre qu’un progrès de l’abstention aux « élections » du « Parlement » européen pourraient conduire à un progrès de la démocratie. Et pourtant ce devrait être évident pour tout le monde. Car le 9 juin 2024, il ne s’agira pas d’une véritable élection, ni d’un véritable Parlement.
Lors d’une élection digne de ce nom, le devoir de tout citoyen, lorsque l’élection est organisée démocratiquement, et que son résultat peut avoir un effet concret sur les institutions, conformément aux souhaits exprimés par les électeurs, est d’utiliser son droit de vote conquis de haute lutte. Voter n’a en effet de sens qu’à la condition de permettre de donner du pouvoir aux classes dominées et d’en retirer aux classes dominantes. Voter à l’ « élection » européenne, quel que soit son vote, servira au contraire à renforcer le pouvoir des classes dominantes et à affaiblir le pouvoir des classes dominées. Tel est en effet le cas de l’ « élection » au « Parlement » européen.
Cette fausse élection vise à élire un faux parlement
Car ce « parlement » n’en est pas un. Il ne suffit pas qu’une quelconque assemblée soit élue pour faire d’elle un parlement. C’est un objet factice, un trompe-l’œil, une mascarade, un théâtre d’ombres. Il ne possède aucune des prérogatives d’un parlement : il n’a pas le pouvoir de changer les traités qui fondent l’U.E., ne peut pas voter l’impôt, n’a pas l’initiative des lois, n’a aucun véritable pouvoir de contrôle de l’exécutif, et encore moins la possibilité de censurer ou de bloquer son action. Il est entièrement sous la domination de la Commission européenne. Jean-Claude Juncker, l’ancien président de la Commission européenne le confirme paradoxalement quand il déclare : « Il ne peut pas y avoir de choix démocratiques contre les traités européens. » Ainsi, le « Parlement » européen ne peut qu’appliquer les Traités européens dont l’orientation néolibérale est bien connue, il ne peut pas en changer l’orientation.
Plus fondamentalement encore, c’est le principe même de l’élection à un parlement européen qui doit être récusé. Un parlement, à l’échelle européenne, n’a pas lieu d’être car il n’existe aucun peuple européen susceptible, au moyen d’un Etat européen, de se former en communauté politique à l’échelle du continent et d’y exercer sa souveraineté. Si tel était le cas, les pouvoirs de ce parlement européen s’exerceraient nécessairement au détriment des pouvoirs des parlements nationaux.
Pour qu’un peuple européen existe, il faudrait un acte historique qui érige ce peuple en peuple. Les peuples et les nations sont des réalités historiques – une « communauté de vie et de destin » et non des artifices diplomatiques ou institutionnels. Les peuples sont des réalités linguistiques, culturelles, politiques avec dans la mémoire de chacun une histoire.
Le vote du 9 juin 2024 sera totalement stérile. Que les libéraux, les sociaux-démocrates européens, les Verts, le Parti de la gauche européenne, l’extrême droite gagnent des sièges, cela ne changera rien aux orientations politiques du système de l’Union européenne. Le résultat des « élections » européennes, et donc la composition du « parlement » européen, n’auront aucun effet sur les grandes orientations du système de l’Union européenne car celles-ci ne dépendent pas de ce « Parlement », mais des Traités et de la Cour de justice de l’Union européenne.
Encore une fois, c’est un devoir citoyen de voter quand le suffrage sert la souveraineté du peuple et permet de faire évoluer les institutions et les politiques qu’elles mènent. C’est aussi un devoir citoyen, encore plus exigeant que le précédent, de refuser de voter quand le suffrage n’a aucun effet et ne vise qu’à légitimer un système dont le fondement est l’élimination de la souveraineté nationale et populaire.
Ce suffrage est une insulte aux principes républicains et démocratiques
Rappelons que le système de l’Union européenne est née de la guerre froide et de la seule volonté des dirigeants des Etats-Unis d’Amérique. Cette stratégie porte un nom, c’est celle du containment. Le but : reconstruire le capitalisme après la Seconde Guerre mondiale, sous leadership américain, et faire face à l’URSS et au bloc communiste. Dans ce cadre, pour les dirigeants américains, des formes d’union européenne étaient indispensables pour acheter la production de masse américaine et aider les pays de l’ouest du continent européen à produire leurs propres armements contre l’URSS (le Plan Marshall).
Voilà ce que dit le pape du néolibéralisme, Friedrich von Hayek, dès 1939, inspirateur des principes du système de l’Union européenne : « La fédération [européenne] devra posséder le pouvoir négatif d’empêcher les Etats individuels d’interférer avec l’activité économique ». Il ajoute : « Une fédération signifie qu’aucun des deux niveaux de gouvernement [fédéral et national] ne pourra disposer des moyens d’une planification socialiste de la vie économique. » Pour von Hayek, la notion de « planification socialiste » est très large. Monsieur Macron, avec sa minuscule « planification écologique », serait sans nul doute à ses yeux un dangereux socialiste. C’est très clair, le but de ce système politique est de briser les souverainetés nationales pour empêcher tout risque que des politiques favorables aux intérêts des classes populaires puissent voir le jour dans tel ou tel pays européen.
Aucune véritable volonté européenne issue des Européens eux-mêmes n’existe et n’a jamais existé pour faire une Europe indépendante, démocratique et prospère. Le système actuel de l’Union européenne est le dispositif le plus sophistiqué au monde qui repose sur la tentative de construire une civilisation par le marché. Toute l’idéologie européiste s’appuie sur la croyance insensée que l’on pouvait résoudre les problèmes du monde en établissant un ordre quasi-intégralement marchand. C’est l’effacement de toute volonté devant le marché total. Les traités européens ont délibérément décidé de retirer leur souveraineté aux peuples pour parvenir à ce but : faire que rien des aspirations populaires ne puisse être pris en compte.
Le cas de la guerre entre la Russie et l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) confirme l’origine atlantiste et belliciste du système de l’Union européenne. C’est une sorte de retour aux sources. Ainsi, le système de l’Union européenne s’est totalement aligné sur les États-Unis et, par ses livraisons d’armes, alimente la guerre.
L’Union européenne actuelle, ce n’est pas la paix, c’est la guerre
Si l’Union européenne voulait vraiment la paix, elle cesserait immédiatement ses livraisons d’armes et se placerait en intermédiaire entre la Russie et l’Ukraine pour imposer des négociations et d’abord un cessez-le-feu. Mais pour s’orienter dans cette voie, encore faudrait-il qu’elle soit indépendante, ce qui n’est pas le cas.
Le système politique appelé « Union européenne » est le contraire d’un projet de solidarité internationale, de paix, d’émancipation humaine et sociale, de démocratie et de reconnaissance de la souveraineté des peuples. C’est un système dont le but est d’éliminer la voix du peuple, là où elle porte, autrement dit dans chaque nation. Le moyen trouvé est la mise en place de traités (Rome, Maastricht, Lisbonne…) qui reposent sur le néolibéralisme (des politiques économiques et sociales en faveur des très riches) et l’élimination de compétences essentielles (monnaie, budget, commerce intérieur et international, frontières), qui passent des nations à la Commission européenne (même pas au « Parlement » européen dont le rôle est d’appliquer ces traités sans pouvoir les modifier).
Pourtant, une union est nécessaire entre les peuples européens
S’appuyer sur les nations est le seul moyen de développer de vrais liens de coopération et de solidarité entre les peuples en rejetant la concurrence libre-échangiste que l’on nous propose comme seul horizon. De bonnes relations entre tous les pays européens (et au-delà) sont indispensables. Pour faire du commerce, du tourisme, des échanges culturels et d’étudiants, et même pour former des alliances politiques permettant de peser sur la marche du monde. Il existe toutefois une condition déterminante à un tel projet : chaque nation doit conserver sa souveraineté, c’est-à-dire son autonomie politique totale. Une telle configuration porte un nom, c’est la démocratie.
Il faut tirer toutes les conséquences de ces réalités. Quand une institution est illégitime, qu’elle est un instrument contraire aux intérêts des peuples, il est nocif d’y participer, sauf à lui apporter une caution dont elle peut se prévaloir pour justifier de son existence. Le « Parlement » européen n’est pas un Parlement. Il ne décide rien, même si il dispose en certains domaines d’un pouvoir de codécision avec le Conseil. Certes, il élit quelques personnages aux titres pompeux mais totalement inconsistants politiquement ou privés de pouvoir, comme on peut le remarquer par leur absence dès qu’un problème sérieux se pose (OTAN-Russie). C’est un pur fantoche, baptisé « Parlement » précisément pour faire croire que l’UE est démocratique et que les peuples peuvent mettre leur grain de sel dans la politique européenne.
Pour être fidèles au NON français lors du référendum du 29 mai 2005 sur le traité constitutionnel européen, il faut refuser la farce électorale du 9 juin 2024. Elle ne vise qu’à simuler un acte démocratique et à légitimer ainsi tout le système de l’U.E.
Si vous avez voté NON le 29 mai 2005, la suite logique et cohérente est de vous abstenir le 9 juin 2024 !
Tous les partis institutionnels participent à la mascarade qui consiste à faire croire qu’élection signifie démocratie. Il n’en est rien. Ce qui est demandé le 9 juin prochain, c’est de voter pour la construction européenne modèle Rome-Maastricht-Lisbonne (pour ne rappeler ici que les traités les plus nocifs). Que vous votiez EELV, Horizon, LFI, LR, MoDem, NUPES, PCF, PS, Renaissance, RN, ou pour une liste prétendument « citoyenne », vous voterez de fait pour le système de l’Union européenne. Vous soutiendrez de fait les diktats de la Commission de Bruxelles à qui le pseudo-parlement européen donne un semblant de légitimité démocratique. En allant voter, vous permettrez que la troïka, qui a privé un tiers des Grecs de couverture sociale et fait régresser ce pays dans des proportions inouïes, agisse en votre nom.
Certains groupes, en France, considèrent que le « Parlement » européen pourrait être une tribune à utiliser pour combattre la politique commune droite/sociaux-démocrates. Mais tout le monde se moque de ce qui se dit à Strasbourg et à Bruxelles (puisque ce « Parlement » possède deux sièges). En réalité, ce « Parlement » européen est un moyen de reclasser et de recycler les amis en difficultés, anciens syndicalistes (deux anciens porte-parole de la Confédération paysanne y siègent…) ou politiciens battus sur la scène nationale. La plupart des partis politiques, y compris ceux qui s’affirment critiques vis-à-vis de l’Union européenne, présentent des candidats pour des raisons financières. Car avoir des élus rapporte beaucoup d’argent. Le système est très généreux avec ceux qui le légitiment.
Cet aspect financier mérite qu’on y insiste un peu plus en allant dans le détail des rémunérations de ces parasites que sont les parlementaires européens. L’enveloppe des députés est deux fois et demie supérieure à celle des députés français. En plus de leur salaire de 6 825€ nets par mois, ils bénéficient de 320€ par jour de présence, de 4 513€ mensuels pour couvrir leurs « frais généraux » en plus des voyages pris en charge, et de 24 943€ par mois pour employer des assistants parlementaires !
Ce ne sont qu’illusions et diversions. Illusions, car les grands médias ignorent les petites listes, tandis que l’absence de couverture médiatique des débats de ce « Parlement » d’opérette interdit de donner le moindre écho aux mouvements euro-critiques. Diversions, car en participant à ce simulacre électoral, ces forces politiques cautionnent le système européen qu’elles prétendent dénoncer par ailleurs.
Toutes ces raisons plaident pour le boycott actif des élections européennes de juin prochain. Certains diront que c’est laisser le champ libre au RN. Sans blague ! Si le RN obtient 25 % de 40 % de votants, cela ne fera jamais que 10 % du corps électoral !
Imaginons que 70 %, 80 %, 90 % des citoyens, par une puissante mobilisation, s’abstiennent à l’ « élection » européenne du 9 juin 2024. Cette dernière aura perdu toute légitimité. Elle sera ridiculisée. Aucune de ses décisions n’aura plus la moindre portée. La voie sera ouverte aux peuples pour reconquérir leur souveraineté.
Le véritable enjeu des élections européennes sera le niveau de l’abstention
Si on additionne les abstentions, les blancs et les nuls par rapport aux inscrits, pour ces vingt dernières années, la proportion était de 58,65 % en 2004. Elle est passée à 61,12 % en 2009 et 59,27 % en 2014. Elle a baissé à 51,09 % en 2019. Un sursaut est nécessaire, en 2024 un record d’abstentions, de blancs et de nuls doit être enregistré, pourquoi pas au moins 65 % ?
Bref, tout ce petit monde politicien accepte de participer à ces fausses élections pour élire un faux parlement, puisque, quel que soit le résultat, se sera la même politique qui sera menée : celle, néolibérale, définie dans le traité de Lisbonne.
Il ne peut donc être question de mettre le doigt dans cet engrenage mortel pour la démocratie en votant, c’est-à-dire en reconnaissant ce système, même si le vote porte sur des listes apparemment « hors-système ». Encore une fois, il est impossible de se présenter comme étant « hors » ou « anti » système et de solliciter les suffrages aux « élections » européennes pour faire partie du système.
Un autre phénomène caractérise les relations entre « Parlement », Commission et Conseil européen, celui de l’absence de séparation des pouvoirs, b.a.-ba des régimes sensément démocratiques dans la mesure où c’est la confusion des pouvoirs qui règne dans le système de l’Union européenne comme le note avec justesse l’historien Olivier Delorme : « …dès l’origine de la construction européenne, ce principe (la séparation), a été bafoué, de sorte qu’aucun citoyen ne puisse distinguer qui est responsable de quoi dans une Union européenne fondée sur une totale confusion des pouvoirs. Car non seulement le Parlement européen ne dispose pas du pouvoir législatif, mais celui-ci est exercé à la fois par la Commission et par le Conseil représentant les États-membres, les mêmes se partageant aussi la fonction exécutive… »
Avec tous les citoyens qui refusent le simulacre démocratique de ces « élections » au « Parlement » européen, faisons entendre notre voix, le 9 juin 2024, par un refus de vote retentissant. Boycottons ces « élections », pour la démocratie et la République, pour l’indépendance de la France, pour la souveraineté populaire et nationale, pour le progrès social, pour la coopération entre les peuples, pour la liberté, l’égalité, la fraternité.
D’ailleurs, comment se faire prendre deux fois au même piège ? En refusant de tenir compte du NON français du 29 mai 2005 au traité constitutionnel européen, le système a démontré son caractère tyrannique et dictatorial. Aucune élection juste n’y est possible.
Seuls les citoyens qui se seront abstenus auront clairement délégitimé l’U.E. Leur acte sera un coup de tonnerre politique ôtant toute crédibilité à l’Union européenne, la ridiculisant et ouvrant un espace sans précédent aux luttes populaires. Le véritable enjeu de cette mascarade électorale sera donc bien l’abstention citoyenne.
Pétition Je soutiens le boycott des « élections » au « Parlement » européen