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Comment avancer ? La mondialisation néolibérale, stratégie politique des classes dominantes

Comment avancer ? Introduction
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III.- La mondialisation néolibérale, stratégie politique des classes dominantes de la triade

La mondialisation néolibérale a ses fondements dans la nécessité pour les classes dominantes de la triade (États-Unis, Europe, Japon), de trouver une parade efficace à trois phénomènes qui les menaçaient depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Il s’agit, d’abord, chronologiquement, de faire face à l’apparition de l’Union des républiques socialistes soviétiques en 1917 (l’URSS), puis au développement d’un « camp socialiste » à partir de 1945, avec la Chine notamment, sans compter des partis communistes très puissants dans de nombreux pays occidentaux. L’existence de ce « camp », quelle que soit l’opinion que l’on porte sur les régimes politiques de ces pays, réduisait les marges de manœuvre du capitalisme, notamment américain, sur le plan mondial. Tous les domaines étaient affectés : diplomatie, défense, recherche, sport, espace, économie… Des centaines de millions de personnes n’avaient pas accès aux produits de la consommation de masse occidentale, plafonnant et limitant la collecte du profit par les firmes multinationales, surtout américaines.

La deuxième menace venait du mouvement universel de décolonisation qui s’est déclenché à partir de la conférence de Bandung (Indonésie) en avril 1955. Vingt-neuf pays africains et asiatiques décolonisés créent alors le Mouvement des Pays non-alignés et revendiquent un « nouvel ordre économique et politique mondial ». Ils se rapprochent de la Chine et de l’URSS. La montée des mouvements de libération nationale met la politique étrangère américaine en échec croissant (indépendance de Cuba, troubles en Amérique latine et centrale, avènement en 1970, par voie électorale, du socialiste Salvador Allende au Chili, victoire militaire d’un petit pays, le Vietnam, contre les États-Unis, première puissance militaire mondiale…), etc.

Troisième menace : les conquêtes sociales du XXe siècle : New Deal aux États-Unis en 1933, Front populaire en France et en Espagne en 1936, régimes d’économie mixte en Europe de l’Ouest de 1944 à 1948 comme en France avec la mise en œuvre du programme du Conseil national de la Résistance. De puissantes luttes syndicales se développent dans les pays occidentaux durant les décennies 1960 et 1970, et obtiennent des avancées significatives pour le monde du travail, particulièrement autour de 1968 et 1969.

Tous ces phénomènes s’ajoutent et s’entretiennent mutuellement. Au total, jusqu’au milieu des années 70, le capitalisme perd une partie de son contrôle sur certains pays et dans beaucoup de grandes entreprises. Les profits et la productivité baissent, les salaires montent, le partage de la valeur ajoutée devient favorable au travail, et les idées anticapitalistes se développent dans toutes les catégories sociales, notamment parmi les ouvriers et la jeunesse.

Re-discipliner les peuples

Pour la classe dominante, il fallait rediscipliner les pays du « tiers-monde », la classe ouvrière et la jeunesse ; la contre-révolution néolibérale se fixe alors cet objectif.

Cette contre-révolution n’a pas hésité devant la répression (Chili en 1973 avec Pinochet…), mais elle s’est surtout placée sur le terrain idéologique pour finalement submerger intellectuellement les forces qu’elle combattait : le syndicalisme et les partis de gauche. Le projet néolibéral, théorisé dès les lendemains de la Seconde Guerre mondiale, va se déployer sur toute la planète à partir de la fin des années 1960 et se généraliser au début des années 1980 avec la victoire électorale de Margaret Thatcher en Grande-Bretagne et Ronald Reagan aux États-Unis. Son but essentiel est la suppression discrète et progressive de la souveraineté des États-nations, c’est-à-dire la destruction de la démocratie et du caractère politique des sociétés.

Tel est en effet le moyen le plus efficace, pour l’oligarchie mondiale, d’interdire toute possibilité de mise en œuvre de politiques qui pourraient contrevenir aux intérêts des classes dominantes par des gouvernements qui auraient cette tentation.

Cette stratégie politique est celle de la mondialisation néolibérale.

La mondialisation néolibérale repose sur quatre piliers

  • Premier pilier : la guerre idéologique.
  • Deuxième pilier : le libre-échange.
  • Troisième pilier : la libéralisation financière.
  • Quatrième pilier : les traités internationaux et institutions multilatérales démocraticides.

L’ensemble de ces agencements vise à permettre l’activité la plus libre possible pour les firmes multinationales, particulièrement américaines, qu’elles soient industrielles, de services ou financières. Celles-ci, possédées par les classes dominantes, sont le vecteur fondamental de la captation du profit et du pouvoir. Elles sont à l’origine de la domination. Par conséquent, tout projet de société qui veut véritablement rompre avec le système actuel, devra affaiblir les classes dominantes et scier les quatre piliers sur lesquels repose la mondialisation néolibérale.

Il faudra donc démondialiser. Le néolibéralisme est une idéologie, c’est-à-dire un système d’idées dont l’objectif est d’inciter les gouvernements à mener des politiques favorables aux intérêts de la classe dominante. C’est-à-dire les milliardaires et ceux qui les servent.

La mondialisation néolibérale est un projet politique, celui de la classe dominante de la triade Amérique du Nord, Europe, Japon.

Néolibéralisme et présidentialisme : bonnet blanc et blanc bonnet

En France, où le peuple est historiquement frondeur, il fallait trouver un système politique verrouillé, ce fut le présidentialisme.

On peut le caractériser de la manière suivante :

  • Un pouvoir exorbitant du président de la République lorsque majorité présidentielle et législative coïncident.
  • Un pouvoir personnel, ce qui est totalement incompatible avec la souveraineté du peuple.
  • L’élection au suffrage universel direct infantilise le peuple et met en avant le mythe de l’homme providentiel, la figure grotesque du sauveur.
  • La personnalisation de la vie politique qui en résulte oriente le débat sur les personnes et non sur les programmes.
  • L’Assemblée nationale est dévalorisée.
  • Le suffrage universel est dénaturé, cette élection n’est pas démocratique, car la majorité des citoyens ne peut plus voter selon ses convictions, et se trouve soumise à un chantage inacceptable : celui du vote « utile ».
  • On nous enjoint de voter pour le candidat présenté comme le « moins pire », sous peine de connaître l’apocalypse.
  • Le quinquennat et l’inversion du calendrier électoral ont marginalisé le Parlement.
  • La séparation des pouvoirs, l’un des fondements de la démocratie, a été remise en cause.
  • C’est le développement de l’autoritarisme comme l’a démontré l’action du président de la République lors de la crise sanitaire.

L’acte politique que sont désormais l’abstention et le vote blanc ou nul, pour une majorité de ceux qui s’expriment ainsi, traduit une lucidité politique parfois bien plus forte que chez beaucoup de ceux qui continuent à voter pour des marionnettes.


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