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Discours de Phnom-Penh, que contient ce discours et en quoi il peut encore d’une certaine façon nous parler ?

Discours de Phnom-Penh, 1er septembre 1966
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Le 1er septembre 1966 le général de Gaulle prononçait un discours à Phnom Penh, capitale du Cambodge devant 100000 personnes. Ce discours eut un énorme retentissement dans le monde, notamment dans les pays qui sortaient de la période coloniale. Ces pays avaient en commun le passé colonial qu’ils avaient subi douloureusement et cherchaient une voie nouvelle pour leur développement politique, économique et culturel. Dans cette perspective s’était tenue en 1955 la conférence de Bandung en Indonésie qui avait réuni une trentaine de pays d’ Afrique et d’Asie, ce qui fut une étape importante vers la constitution du mouvement dit des non-alignés.

Le discours de Phnom Penh se situe dans ce contexte général.

Pourquoi à Phnom Penh et à ce moment?

Il faut savoir que Phnom Penh est à proximité des frontières du Cambodge et du Vietnam, pays où les combats s’intensifiaient depuis l’intervention armée américaine en 1965, décidée sous la présidence de JF Kennedy. Vingt ans auparavant, en 1946 avait débuté la guerre d’ Indochine, alors colonie française en Asie. « L’Union Indochinoise» comprenait depuis 1887 la Cochinchine, le Tonkin, l’Annam, le Laos et le Cambodge. Mais alors que ces deux derniers pays avaient accédé après 1945 à l’autonomie puis à la souveraineté, les trois autres restaient sous domination française. Cette guerre coloniale dura 9 ans et se termina par la défaite de la France en 1954 à Dien Bien Phu, ce qui mit fin à la guerre avec la France.

La guerre continua au Vietnam sous la forme d’un conflit sanglant entre le nord communiste, soutenu par la Chine et l’URSS, et le sud pro-américain. En 1965 l’intervention militaire massive des américains provoqua un choc dans l’opinion internationale, puis une révolte notamment dans la jeunesse contre cette guerre dénoncée comme impérialiste avec le slogan « US go home! ».

Cette guerre allait durer jusqu’en 1975, ce qui en fait la guerre la plus longue du 20ème siècle, avec un bilan humain désastreux : environ 3 millions de morts civils et militaires coté vietnamien, 58 000 soldats, coté américain.

Que contient ce discours et en quoi il peut encore d’une certaine façon nous parler?

De Gaulle y expose ses vues en évoquant le conflit en cours au Vietnam et en réaffirmant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes : Il tire la leçon du double échec de la politique de la canonnière en Indochine et en Algérie. En Indochine suite à la défaite de Dien Bien Phu. En Algérie, c’est l’enlisement dans la guerre et le risque de guerre civile qui amena finalement en 1962 aux Accords de paix d’Evian. Le recours à la diplomatie plutôt qu’à la guerre permit que soit reconnu le droit du peuple algérien à l’autodétermination. Ainsi la souveraineté nationale fut proclamée comme principe universel s’appliquant à tous les peuples. Par ce discours de Gaulle entendait faire date en s’adressant aux peuples des anciennes colonies, tous ces pays qui, après avoir longtemps été soumis et exploités, aspiraient à devenir majeurs et souverains.

S’adressant aux dirigeants américains, il critique ouvertement leur politique belliciste. Aux peuples du monde il envoie un message de paix et prône une politique de non-alignement, seule capable de respecter la souveraineté des peuples et des nations.

Comment ne pas voir l’actualité de ce discours alors que la rhétorique guerrière des dirigeants européens bat son plein, en particulier celle de Macron, au moment où il faudrait chercher l’apaisement plutôt que l’affrontement ? En 1966 la guerre du Vietnam n’était pas la guerre de la France. Au nom de quoi la guerre en Ukraine serait notre guerre ?


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